초록
[Description]

Byon est joueur, voleur, buveur et, comme l’atteste son prénom en coréen (Gangsoé veut dire « rigide comme le fer ») n’a de cesse de faire preuve d’une grande santé sexuelle. Aussi mythique qu’une figure rabelaisienne, il incarne le vagabond errant, vaurien paresseux n’aspirant qu’à jouir sans entraves. En chemin, il rencontre une jeune veuve, belle à se damner et terriblement ensorceleuse. Une lourde malédiction pèse sur elle : tous ceux qui l’approchent passent de vie à trépas. Après bien d’autres, Byon, ne craint pas de braver le sort et, par bêtise, commet un divin sacrilège. Malgré ses dons, il n’y coupe pas. Pas plus que la cohorte de moines, saltimbanques, mendiants ou fonctionnaires qui, dans l’espoir d’une luxurieuse union, prêtent leur concours à de fort joyeuses funérailles. Ceci se passe en des temps reculés, en Corée (quand il n’y en avait qu’une), de l’autre côté du miroir, là où les forces de la nature refusent l’entrave morale du néo-confucianisme, sorte de jansénisme de l’ancien régime. Ah, il s’en passe des vertes et des pas mûres dans le sillage, même post mortem, du peu fréquentable Byon Gangsoé ! De réputation sulfureuse, à la paillardise bon enfant et à la poésie imprégnée de culture chinoise, ce texte anonyme transmis de siècle en siècle sous la forme orale du pansori (mimodrame chanté à unique interprète) a été fixé sous sa forme actuelle au XIXe siècle, au même titre que le Chant de la fidèle Chunhyang (Zulma, 2008). Son humour noir dont il est tout entier tissé permet d’inverser le tragique de la mort et de l’enterrement en une joviale comédie. Magie des mots, alchimie de la littérature !

[한국문학번역원(Digital library of korean literature) 제공]